Mondial

Les espèces exotiques envahissantes ont contribué à 40% des extinctions d’espèces enregistrées depuis les 400 dernières années (CDB, 2006).

D’après une analyse de la Liste rouge mondiale de l’UICN (v.2016.3), les EEE sont reconnues comme un facteur d’extinction (facteur direct ou co-facteur) pour 56,7 % des cas d’extinction connus et 16 % des extinctions d’espèces sont attribués uniquement à la présence d’EEE (Smith, 2020).

Les dépenses mondiales occasionnées par les EEE auraient atteint au moins 1 288 milliards de dollars US (soit près de 1070 milliard d’euros) entre 1970 et 2017 (Diagne et al., 2021), avec une dernière estimation à 1 600 milliards d’euros sur cette même période (UICN Comité français, CNRS, MNHN, Université Paris-Saclay, 2021).

Le coût économique mondial des insectes exotiques envahissants a été estimé à 69 milliards d’euros par an (Bradshaw et al., 2016).

Les eaux de ballast constituent un vecteur très important d’espèces marines à l’échelle planétaire : plus de 10 000 espèces seraient concernées (Bax et al., 2003).

Mnemiopsis leidyi_Petra Urbanek
Mneiopsis leydyi est un cténophre carnivore accidentellement introduit en Mer noire par les eaux de ballast. Il a récemment été découvert dans l'étang de Thau (Hérault).

À l’échelle mondiale, une étude récente a montré que le taux d’introduction des espèces a fortement augmenté au cours des deux siècles derniers (Seebens et al., 2016) et qu’il est largement attribué à l’accélération des échanges commerciaux et du transport des biens et des personnes au XXe siècle. Pour la plupart des groupes taxonomiques, l’évolution du nombre d’espèces exotiques ne montre aucun signe de saturation et même une augmentation pour certains.

Europe

La base de données du programme européen DAISIE recense plus de 12 100 espèces introduites volontairement ou non par l’homme en Europe. Parmi ces espèces, environ 1 000 sont considérées comme envahissantes.

Les plantes terrestres sont de loin les espèces les plus communes et représentent plus de la moitié de l’ensemble des espèces présentes en Europe (plus de 6 500 espèces). Elles sont suivies des invertébrés terrestres (plus de 2 700 espèces). Les espèces aquatiques marines sont elles aussi relativement nombreuses, avec près de 1 000 espèces exotiques. Les vertébrés terrestres sont quant à eux bien moins représentés avec seulement quelques centaines d’espèces dans l’Union européenne.

Reynoutria japonica – Spigest
Les renouées asiatiques sont largement répandues dans l'Union européenne.

Ce même programme a estimé que 11 % des EEE présentaient des impacts écologiques négatifs et 13 % des impacts économiques négatifs.

Le nombre d’EEE en Europe aurait augmenté de 76 % depuis les années 1970 (Commission européenne, 2016).

L’évaluation des coûts annuels des dommages et des interventions de gestion des EEE à l’échelle européenne en 2008 dépassait 12 milliards d’euros (Kettunen et al., 2008).

Sur l’ensemble des mers européennes, environ 1 460 espèces marines introduites ont été répertoriées (EASIN, 2015). En milieu marin, 44 % des introductions sont dues aux navires (commerce et plaisance), 33 % aux canaux et 13 % à l’aquaculture (Nunes et al., 2014).

En Europe, 86 % des arthropodes exotiques introduits en Europe l’ont été de manière fortuite (Rabitsch, 2010).

À l’échelle européenne, l’étude d’impact du Règlement européen n°1143/201 relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des EEE préoccupantes pour l’Union européenne estimait à 8 le nombre annuel moyen de nouvelles introductions d’EEE sur le territoire européen depuis 1700 (Commission européenne, 2013).

France métropolitaine

A l’échelle de la France, l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) recense 3 029 espèces de plantes exotiques et 2 422 espèces exotiques de faune (INPN, 2021), dont 2 389 sont introduites France métropolitaine.

La France apparait comme l’un des pays européens possédant le plus grand nombre d’espèces introduites pour la majorité des groupes biologiques (Hulme, 2009).

Ce constat est à mettre en relation d’une part avec l’accroissement des transports, du commerce, du déplacement des biens et des personnes et d’autre part avec le fait que quatre des cinq principales zones biogéographiques européennes (atlantique, continentale, méditerranéenne et alpine) sont présentes sur le territoire métropolitain.

38 % des espèces végétales d’eau douce introduites en France l’ont été pour des raisons ornementales et 29 % d’entre elles sont des plantes utilisées en aquariophilie (Muller, 2004). En métropole, 44 % des 43 espèces de poissons introduites sont naturalisées et, parmi celles-ci, près de la moitié ont été introduites pour la pêche de loisir (Keith  & Allardi, 1997).

Pour la métropole, un nouvel indicateur développé pour l’Observatoire national de la biodiversité à partir d’une sélection de 84 EEE révèle que depuis 1982, un département français voit s’installer en moyenne tous les dix ans 12 nouvelles EEE (ONB, 2021).

Concernant les espèces marines, la France est le 3ème pays qui compte le plus grand nombre d’introductions recensées, après Israël et la Turquie. 50 % de ces introductions seraient expliquées par le développement de l’aquaculture (Nunes et al., 2014).

Outre-mer

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Selon la Liste rouge mondiale de l’UICN, les espèces exotiques envahissantes constituent une menace pour 46% des espèces terrestres considérées comme menacées (classées CR, EN, VU) dans les collectivités françaises d’outre-mer. Elles sont impliquées dans 55% des extinctions d’espèces terrestres recensées dans ces territoires.

Près de 400 espèces introduites de flore et de faune envahissent les milieux naturels d’outre-mer (UICN France 2017 – base de données sur les espèces exotiques envahissantes en outre-mer).

60 espèces figurant sur la liste établie par l’UICN des 100 espèces parmi les plus envahissantes au monde sont présentes dans les collectivités françaises d’outre-mer (ONB, 2016).

En savoir plus sur les espèces exotiques envahissantes en outre-mer : consultez le site internet du Réseau EEE outre-mer dédiée à ce sujet.

https://especes-envahissantes-outremer.fr/wp-content/uploads/2021/07/logo-uicn-reeeom.png

Références citées :

  • BAX, N., WILLIAMSON, A., AGUERO, M., GONZALEZ, E., & GEEVES, W. 2003. Marine invasive alien species: a threat to global biodiversity. Marine policy, 27(4), 313-323.
  • BRADSHAW, C. J., LEROY, B., BELLARD, C., ROIZ, D., ALBERT, C., FOURNIER, A., … & COURCHAMP, F. 2016. Massive yet grossly underestimated global costs of invasive insects. Nature communications, 7(1), 1-8.
  • COMMISSION EUROPÉENNE. 2016. Directorate-General for Environment, Sundseth, K., Invasive alien species : a European Union response, Publications Office, 2017.
  • DESPREZ-LOUSTAU, M. L. 2009. Alien fungi of Europe. In Handbook of alien species in Europe (pp. 15-28). Springer, Dordrecht.
  • HULME, P. E. (Ed.). 2009. Handbook of alien species in Europe (Vol. 569). Dordrecht : Springer.
  • INPN 2021. La biodiversité en France — 100 chiffres expliqués sur les espèces. UMS PatriNat (OFB-CNRS-MNHN), Paris, 52 p.
  • KARK, S., SOLARZ, W., CHIRON, F., CLERGEAU, P., & SHIRLEY, S. 2009. Alien birds, amphibians and reptiles of Europe. In Handbook of alien species in Europe (pp. 105-118). Springer, Dordrecht.
  • KEITH, P. et ALLARDI, J. 1997. Bilan des introductions des poissons d’eau douce en France. Bulletin Français de la Pêche et de la Pisciculture, 1997, no 344-345, p. 181-191.
  • KETTUNEN, M., GENOVESI, P., GOLLASCH, S., PAGA D, S., STARFINGER, U. TEN BRINK, P. & SHINE, C. 2008. Technical support to EU strategy on invasive species (IAS) – Assessment of the impacts of IAS in Europe and the EU (final module report for the European Commission). Inst itute for European Environmental Policy (IEEP), Brussels, Belgium. 44 pp. + Annexe
  • MULLER S. (coord.) 2004. — Plantes invasives en France. Muséum national d’Histoire naturelle, Paris, 176 p. (Patrimoines naturels ; 62).
  • NUNES, A. L., KATSANEVAKIS, S., ZENETOS, A., & CARDOSO, A. C. 2014. Gateways to alien invasions in the European seas. Aquatic invasions, 9(2), 133-144.
  • PIMENTEL, D. 2011. Biological invasions economic and environmental costs of alien plant, animal, and microbe species (No. 577.18 B5/2011).
  • RABITSCH, W. 2010. Pathways and vectors of alien arthropods in Europe. Chapter 3. BioRisk, 4, 27.
  • ROQUES, A., RABITSCH, W., RASPLUS, J. Y., LOPEZ-VAAMONDE, C., NENTWIG, W., & KENIS, M. 2010. Alien terrestrial invertebrates of Europe. In Handbook of alien species in Europe (pp. 63-79). Springer, Dordrecht.
  • Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique. 2006. Perspectives mondiales de la diversité biologique, deuxième édition. Montréal, 83 + viii pages
  • SEEBENS, H., BLACKBURN, T. M., DYER, E. E., GENOVESI, P., HULME, P. E., JESCHKE, J. M., … & ESSL, F. 2017. No saturation in the accumulation of alien species worldwide. Nature communications, 8(1), 1-9.
  • SMITH, K. 2020. The IUCN Red List and invasive alien species: an analysis of impacts on threatened species and extinctions. IUCN.
  • UICN COMITE FRANÇAIS, CNRS, MNHN, UNIVERSITE PARIS-SACLAY, UNIVERSITE RENNES 1. 2021. Les coûts économiques des espèces exotiques envahissantes. Un fardeau pour la société. Note synthétique. 4 p. Septembre 2021.
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