Cette rubrique vise à informer des dernières espèces exotiques envahissantes détectées en France et en Europe.

N’hésitez pas à nous contacter pour nous transmettre des alertes sur les espèces découvertes dans votre région.

6 juillet 2015

Aponogeton distachyos

(vanille d’eau, plante-épée, aponogéton odorant, aponogéton à deux épis)

Une plante ornementale très appréciée

Dès que ses fleurs sont bien développées, cette plante devient très visible : blanches, de forme très particulière, odorantes, ces fleurs sont d’ailleurs son principal intérêt pour les amateurs de plantes de bassin. Rien de surprenant donc à ce qu’une consultation sur internet utilisant son nom latin ou son nom vernaculaire permette d’accéder à une très longue liste de sites de ventes ou de forums sur les plantes ornementales. Appartenant à la famille des Aponogétonacées, cette espèce originaire d’Afrique du Sud est une des 47 espèces appartenant au genre Aponogeton.Aponogeton_distachyos

C’est une plante présentant des feuilles flottantes, oblongues à lancéolées, pouvant atteindre 8 cm de largeur et 25 cm de longueur, pouvant les faire confondre avec les feuilles de certains potamots indigènes tels que le potamot de rivières (Potamogeton nodosus). Les inflorescences émergées à quelques centimètres au-dessus de la surface des eaux sont très parfumées. Elles peuvent mesurer de 4 à 10 cm d’envergure. Leurs deux épis terminaux disposés en “Y” rendent l’espèce très facilement identifiable.

Une large dispersion

Cette espèce a été largement dispersée en dehors de son aire d’origine pour des raisons ornementales. Elle est présente aux USA (Californie), au Pérou, en Australie (divers états du sud est et la Tasmanie) et en Nouvelle Zélande (où elle est largement dispersée : http://www.niwa.co.nz/sites/niwa.co.nz/files/sites/default/files/pest_guide_potrt_feb_2013.pdf)

En Europe, elle est présente au Royaume Uni, en Belgique, aux Pays-Bas et en France.

Selon les cartes de répartition disponibles, A. distachyos est présente en métropole dans un nombre réduit de sites naturels et dans la plupart des cas en de faibles nombres de pieds. Par exemple, dans le sud-ouest, à part un développement de plusieurs centaines de m² dans un fossé de drainage des Landes (ce qui a conduit en 2012 à l’élaboration d’une fiche d’alerte du Conservatoire Botanique Sud-Atlantique http://www.cbnsa.fr/delta/fichiers/envahissantes/pdf/document_d_alerte_aponogeton_distachyos.pdf), les quelques observations faites sur les lacs aquitains correspondaient à des pieds isolés ou des groupes de quelques pieds. L’espèce n’a d’ailleurs plus été observée dans certains de ces sites.

Un exemple dans les Deux-Sèvres

Quelques pieds fleuris de cette espèce ont été découverts début 2014 lors d’une prospection amphibiens par deux bénévoles de terrain dans une mare forestière située sur le bassin versant de La Boutonne dans le département des Deux-Sèvres. La détermination confirmée par le CBNSA a conduit à des échanges de courriels en avril-mai 2014 entre divers membres du réseau régional de personnes travaillant sur les questions de plantes envahissantes (dont les naturalistes découvreurs de l’espèce) pour définir la stratégie de gestion à mettre en place dans ce cas particulier. Il est à noter que l’alerte a été rapide puisqu’il a fallu seulement une semaine pour que l’information passe du local, au régional pour revenir ensuite au technicien local : c’est un délai très correct !

Lors de ces échanges, deux propositions ont été discutées. Liée à des inquiétudes vis-à-vis de la colonisation du site et des risques de dispersion de l’espèce dans des sites favorables proches, la première proposait de tenter d’éradiquer l’espèce en procédant immédiatement à un arrachage. S’appuyant à la fois sur l’insuffisance des connaissances sur l’espèce, sur la formulation de la fiche d’alerte du CBNSA (qui précisait ” Espèce à surveiller afin de détecter toute dynamique d’envahissement éventuelle”), sur le faible nombre de pieds observés dans le site, et sur la distance notable séparant la mare du cours d’eau le plus proche (600 m) la seconde proposait la mise en place d’un suivi comportant plusieurs campagnes d’observations annuelles sur deux années pour évaluer les capacités de colonisation de l’espèce et réévaluer la stratégie, et la confirmation de son absence dans les plans d’eau proches. Son objectif était clairement de tenter d’évaluer les potentialités invasives de cette espèce exotique.

Ce suivi “renforcé” du site et de l’espèce a finalement fait l’objet d’un accord, ce qui a conduit à l’élaboration d’une fiche présentant les caractéristiques du site, le calendrier des observations et la proposition de gestion. Début juillet 2014, les quelques pieds de l’espèce avaient disparus de la mare, probablement arrachés (par une personne qui n’a pas été identifiée). A posteriori, il a semblé que la fiche présentant la situation était trop précise et l’information trop sensible pour être diffusée aussi précisément, aussi a-t-il été convenu que seule la commune serait mentionnée à l’avenir, à l’instar de ce qui se pratique pour les espèces protégées.

Un passage récent (fin juin 2015) sur cette mare a permis d’observer de nouveau cette espèce mais dans un état relativement endommagé. Les contacts locaux restés vigilants et passant régulièrement sur le site ont été relancés par le Forum des Marais Atlantiques (une des structures en charge de l’animation de l’ORENVA), pour que la fiche soit actualisée.  Le site a également fait l’objet d’une sortie terrain lors d’une récente formation sur la reconnaissance botanique de ces plantes émergentes, servant ainsi de support de sensibilisation des agents de terrain à la détection précoce des espèces exotiques, et aux intérêts du fonctionnement en réseau et de la poursuite de l’acquisition d’information sur les potentialités de colonisation de cette plante aquatique.

Une espèce invasive ? Quel statut lui attribuer ?

Aponogeton distachyos n’apparait pas dans les listes de l’Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes (OEPP) : http://www.eppo.int/INVASIVE_PLANTS/ias_lists.htm#IAPList, ni dans celles de l’ISSG (Invasive Species Specialist Group) : http://www.issg.org/database/welcome/.

Sur le site de l’INPN, elle est citée comme une espèce introduite, “non règlementée” et faisant partie de la liste rouge mondiale de l’UICN (évaluation 2010) avec le critère “LC” (préoccupation mineure”.

La fiche d’alerte diffusée par le CBNSA la présente comme une “Plante exotique envahissante émergente” et dans la “liste grise” des espèces invasives en Limousin (mars 2008), elle est citée comme invasive potentielle.

Une évaluation de risque utilisant l’analyse du risque phytosanitaire de l’OEPP (http://archives.eppo.int/EPPOStandards/pra.htm) a été réalisée en 2014 en Irlande par le Service des Pêches Intérieures : http://nonnativespecies.ie/wp-content/uploads/2014/03/Aponogeton-distachyos-Cape-Pond-Weed1.pdf.

Elle débouche sur l’attribution d’un risque “faible à modéré” pour cette espèce en précisant que le niveau de confiance de cette évaluation est “faible“. Les auteurs signalent que les informations manquent pour une évaluation précise (“There is a paucity of information available to assess this in detail“) et que l’absence d’impact signalé en Irlande est peut être lié à la faible dispersion de l’espèce (“Lack of impact thus farr in this country may be a function of its confined distribution”). Ils remarquent également que l’espèce est susceptible de s’installer en abondance dans un grand plan d’eau (Derreen Gardens, Co. Kerry).

Ainsi, “espèce invasive émergente”, “invasive potentielle” et risque “faible à modéré”, “insuffisance d’information”, il semble bien que cette espèce doive faire l’objet d’une attention particulière et d’investigations complémentaires pour que nous soyons à même, le moment venu et avec un bien meilleur argumentaire, d’établir le niveau de risque à lui attribuer.

Une plante consommable ?

Aponigeton distachyos est citée comme cultivée en Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie et Lybie), en Afrique du Sud (sa région d’origine) et en Australie(http://www.ars-grin.gov/cgi-bin/npgs/html/taxon.pl?404193).

Robert W. Pemberton (2000) présente l’utilisation de l’inflorescence de l’espèce en tant que source de nourriture dans la province du Cap. Originellement cueilli dans la nature comme un légume traditionnel connu sous le nom de “waterblommetjie”, l’espèce a été mise en culture comme une plante vivrière au cours des vingt dernières années car les populations sauvages déclinaient. Selon cet auteur, la culture de l’espèce, sa commercialisation et sa popularité sont toujours présentes en Afrique du Sud (“the general popularity of this unique food continues in the Mandela Era of South Africa”).

La consommer ? Une recherche internet sur ce sujet permet de tomber sur des recettes de ragoût utilisant apparemment les inflorescences comme ingrédients secondaires. Les informations n’en précisent pas le goût.

Peut-être serait-ce un moyen supplémentaire de réguler cette espèce en métropole, à condition, bien sûr, que cela ne déclenche pas une mode et une dispersion gastronomique de l’espèce !

Crassula helmsii (Crassule de Helm)

111003-crassula et lagarosiphon-plan d'eau St Projet 79 (9)Une petite plante très adaptable

Cette petite plante aquatique originaire d’Australie et de Nouvelle Zélande appartient à la famille des Crassulacées.

Avec ses tiges de longueur pouvant varier de quelques centimètres à plus d’un mètre et ses feuilles ne dépassant pas 2 cm de longueur, elle arrive à former des gazons denses soit en situation immergée soit émergée sur des sols humides. Cette plante d’aquarium a été largement commercialisée et s’est installée en milieu naturel depuis les années 50, ce qui explique sa répartition actuelle aux Etats Unis et en Europe où elle est présente dans de nombreux pays d’Europe de l’Ouest. Elle peut coloniser les zones humides, dont des bordures de plans d’eau, jusqu’à des profondeurs pouvant atteindre 3 m.

La densité de ses populations dans les sites favorables et leur épaisseur quelquefois importante peut fortement limiter le développement des autres plantes de ces biotopes. D’autres impacts locaux liés à ces colonisations monospécifiques sont cités dans différents documents.

Pour accéder à des compléments d’informations sur la biologie et l’écologie de cette espèce, différentes fiches sont disponibles, comme par exemple :
http://www.observatoire-biodiversite-bretagne.fr/especes-invasives/Flore-continentale/Invasives-averees/La-Crassule-de-Helm-Crassula-helmsiihttp://www.especes-exotiques-envahissantes.fr/wp-content/uploads/2015/04/Crassula-helmsii_Crassule-de-Helms.pdfhttp://www.centrederessources-loirenature.com/mediatheque/especes_inva/fiches_FCBN/Fiche-Crassula-helmsii_sr.pdf

Un article lui a été consacré dans le numéro 25 de la revue Erica : Zambettakis et Hebert, 2012.

Une espèce invasive avérée

Cette espèce est déjà bien identifiée comme invasive. Elle fait partie de la liste des organismes nuisibles recommandés par l’Organisation Européenne de Protection des Plantes (OEPP) comme devant faire l’objet d’une règlementation comme organismes de quarantaine par ses pays membres :

http://www.eppo.int/INVASIVE_PLANTS/ias_lists.htm#IAPList . Elle a également fait l’objet en 2007 d’une fiche informative en langue anglaise de l’OEPP :

http://www.eppo.int/QUARANTINE/plants/Crassula_helmsii/Crassula_helmsii_DS.pdf

Dans les listes des plantes invasives de Bretagne et de Basse-Normandie, elle est considérée comme un “taxon invasif avéré portant atteinte à la biodiversité”. En région Pays de la Loire, où son arrivée est plus récente, elle était notée en 2011 comme “plante encore accidentelle, ayant tendance à envahir les milieux naturels”.

Une dynamique très importante

Sa répartition en métropole reste encore peu importante : selon la base SIFLORE (http://siflore.fcbn.fr/?cd_ref=92793&r=metro), quelques stations situées dans le centre est et d’assez nombreuses le long des côtes (Atlantique, Manche et mer du Nord) depuis la Loire Atlantique jusque dans le département du Nord. Sur le site de l’INPN deux sites supplémentaires sont indiqués en Ile de France et en région Centre.

Mais sa dynamique de dispersion semble très importante et continue. Dans le bilan de 2012 sur les espèces exotiques envahissantes en milieux aquatiques en métropole http://www.set-revue.fr/bilan-des-especes-exotiques-envahissantes-en-milieux-aquatiques-sur-le-territoire-francais-essai-de, nous avions déjà noté que son extension rapide était probablement sous-estimée et devait amener, en complément d’une large diffusion des informations concernant sa dynamique, à élaborer une stratégie la concernant spécifiquement.

Une observation de cette espèce dans une mare du département des Deux-Sèvres venait d’ailleurs d’être faite qui a conduit à l’élaboration et la diffusion d’une fiche d’alerte du Conservatoire Botanique National Sud-Atlantique (CBNSA). Compte tenu des informations sur ses capacités invasives, un plan de gestion a été très rapidement élaboré et, contrairement au cas d’Aponogeton distachyos, où l’insuffisance des connaissances sur l’espèce avait amené à proposer plutôt un suivi de la colonisation, des interventions d’arrachage ont immédiatement été mises en place.

La gestion de la crassule dans cette mare a fait l’objet d’un rapport (http://www.sevre-niortaise.fr/wp-content/uploads/SynthseactionsCrassulaenDeux-Svres.pdf) et d’une fiche de retour d’expérience (http://www.onema.fr/IMG/pdf/Crassule_de_Helms_R1.pdf).

En matière de gestion de la crassule, une note présentant les interventions mises en place dans une mare située à proximité de Donges, en Loire Atlantique, est également disponible.

L’espèce est présente depuis quelques années sur une dizaine de stations en région Basse-Normandie. Des observations de 2013 sur différents sites le long de La Vire ont conduit à des expérimentations de gestion qui ont fait l’objet d’un rapport (Diagnostic et préconisations de gestion de la Crassule de Helms le long de la Vire).

En 2014, cette espèce a été observée sous forme de pieds épars dans quelques stations des rives du lac de Lacanau (communication de Jacques Haury).

Cette année, depuis début juin, elle a de nouveau fait parler d’elle dans les Deux-Sèvres et en Loire Atlantique. Dans ces deux cas, la colonisation se mesure en dizaines de m², dans des sites situés dans ou proximité de milieux aquatiques de grandes dimensions dans lesquels l’espèce pourrait très largement se disperser. Dans les Deux-Sèvres, comme pour A. distachyos, la découverte a été le fait de bénévoles de l’association Deux-Sèvres Nature Environnement. En Brière (Loire Atlantique) la station a été découverte par Jean-Patrice Damien, Chargé de mission “biodiversité espèces invasives” au Parc Naturel Régional de Brière. Dans les deux cas, les réseaux existants sur les questions d’invasions biologiques ont permis d’activer rapidement des contacts au niveau régional permettant des réactions rapides : les échanges actuels devraient rapidement déboucher sur des protocoles d’intervention adaptés à ces deux sites.

24 avril 2014

Connaissez-vous l’œuf de coq ?

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Salpichroa origanifolia. © J-P. Damien

Le nom vernaculaire de cette plante lui est attribué à cause de ses baies blanches en forme d’œuf de 2,5 cm. Plus fréquemment appelée Muguet des pampas à cause des corolles de 1 cm de ses fleurs blanches, Salpichroa origanifolia (Lam.) Baill. appartient à la famille des Solanacées (voir par exemple la fiche http://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-60062-illustrations).

Originaire des régions tempérées d’Amérique du Sud (Argentine, Paraguay), cette espèce a été introduite pour l’ornement dans diverses régions du monde au climat doux.

Selon la base de données européenne DAISIE[1], elle est établie aux Açores, en Grande Bretagne, en Irlande, en Italie, en Sicile, à Madère et au Portugal.

En métropole, généralement échappée de jardins, elle se rencontre sur le littoral, Corse incluse, en Méditerranée et Atlantique depuis l’Aquitaine jusqu’au Cotentin.

Les tiges de cette plante vivace pouvant atteindre 2 mètres de hauteur sont souvent rampantes. Elles peuvent constituer des peuplements étendus et très denses, éliminant toute autre végétation, quelquefois en situation de lisières, dans des biotopes divers tels que friches urbaines, talus routiers, maquis littoraux, arrière-dunes, falaises et rochers, haies, bords de cours d’eau (comme le montre par exemple cette photo des bords de Loire). Elles peuvent également grimper dans les arbres.

La plante est sensible au froid, qui provoque une destruction des tiges, mais elle se développe de nouveau à partir des racines.

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Berge colonisée par Salpichroa origanifolia, sur le site du Prémare, à La Baule-Escoublac, PNR Brière. © J-P. Damien

Signalée comme “localement envahissante” et “en extension” dans l’ouvrage de Guillaume Fried[2], elle a déjà fait l’objet d’évaluations en termes de risque invasif. Elle est incluse depuis 2009 dans la “liste grise” des espèces exotiques présumées envahissantes en France méditerranéenne continentale établie par le Conservatoire Botanique méditerranéen de Porquerolles[3]. Par ailleurs, absente de la liste 2011 des plantes vasculaires invasives des Pays de la Loire, elle y a été ajoutée dans la version 2012[4] avec un statut AS6, c’est-à-dire “à surveiller. Non invasive (sans risque à priori pour les milieux naturels)“.

Comme le montre une recherche rapide et partielle menée sur Internet, le caractère “localement envahissant” de cette espèce est bien perçu par différents gestionnaires depuis environ une décennie, à la fois en termes de propositions d’intervention et d’interventions effectives :

  • Dès 2004, dans un compte-rendu d’ateliers thématiques concernant la zone Natura 2000 de l’étang de Canet Saint Nazaire (Pyrénées Orientales)[5], l’arrachage du Muguet de la Pampa, parmi d’autres “espèces exogènes”, figurait parmi les actions de gestion suggérées sur les zones rudérales de certains bords de route.
  • Elle est citée dans le Document d’objectifs “Site Natura 2000 FR5300018, Ouessant-Molène, Parties terrestres des îles Ouessant et Molène” de 2010 parmi les espèces à surveiller dans le cadre de l’action “A 2.3 de ce document (Limiter et maîtriser la prolifération des espèces invasives)”.
  • Dans un article publié en 2013 sur les plantes exotiques envahissantes et leur gestion au sein du Parc National de Port-Cros, l’espèce est citée par Annie Aboucaya[6] comme ayant fait l’objet d’expérimentations de gestion. Dans le numéro 9 (mai 2012) de “L’attitude mer”, journal de ce parc national, cette plante était d’ailleurs présentée comme une “américaine envahissante” et l’information figurant dans la revue se terminait par un conseil d’arrachage des jeunes pousses de cette plante présente sur la presqu’île de Giens, sur Porquerolles et Port-Cros.
  • Un arrachage réalisé par des étudiants du Master Pro “Gestion des catastrophes et des risques naturels” (Université de Montpellier 3) en collaboration avec l’EID Méditerranée, a eu lieu en décembre 2012 sur une plage de Portiragnes (Hérault). Un autre arrachage prévu en février 2014 n’a pu avoir lieu à cause des conditions climatiques négatives.
  • Elle est également présentée dans le site “Nature et environnement brévinois”[7] (page publiée le 7 mai 2014) comme une des plantes invasives de la commune de Saint Brévin (Loire Atlantique), “présente sur quelques sites dont l’ancienne décharge en bord de Loire” qu’il serait “souhaitable de voir disparaître des zones communales“.
  • Dans un article de Ouest France du 16 Juillet 2014, intitulé “Moins de plantes invasives pour sauvegarder la dune[8], concernant la commune de Porspoder (Finisterre) était présenté un programme de restauration de la dune mis en place avec la municipalité par la Communauté de communes du pays d’Iroise. Un “travail d’éradication du muguet de la pampa” y était explicitement indiqué.

D’autres informations sont évidemment disponibles sur cette espèce et sur les démarches de gestion déjà débutées (analyses des dynamiques locales, des enjeux de sa présence, modalités d’interventions) : elles mériteraient sans doute une synthèse pour produire une première évaluation de risque à l’échelle de la métropole.

[1] http://www.europe-aliens.org/speciesFactsheet.do?speciesId=20578# (onglet distribution)

[2] Fried G., 2012. Guide des plantes invasives, Paris, Belin, coll. « Fous de Nature »,‎ 272 p. (fiche pages 144 et 145).

[3] http://www.invmed.fr/liste_grise?order=field_score_fcbn_value&sort=asc

[4] Dortel et al., 2013. Liste des plantes vasculaires invasives des Pays de la Loire. CBN Brest, 34 p. (http://www.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/liste-2012-a3105.html)

[5] Dubost J., 2004. Etang de Canet Saint Nazaire. Natura 2000. Compte-rendu de la quatrième ronde des ateliers thématiques. 23 p. (https://www.google.fr/search?q=arrchage+salpichroa&ie=utf-8&oe=utf-8&gws_rd=cr&ei=LrceVbWRF5HsaODygaAF#q=arrachage+salpichroa&spell=1)

[6] Aboucaya A., 2013. Bilan des recherches scientifiques et des actions de gestion concernant les plantes exotiques envahissantes terrestres menées au sein du Parc national de Port-Cros (Var, France). Sci. Rep. Port-Cros natl Park, 27 : 415-435

[7] http://www.naturenbrev.org/2014/05/plantes-invasives-a-saint-brevin.html

[8] http://www.ouest-france.fr/moins-de-plantes-invasives-pour-sauvegarder-la-dune-2706065

Le Myriophylle à feuilles diverses (Myriophyllum heterophyllum)

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Myriophyllum heterophyllum.

En août 2014, un conseiller municipal de la commune de Contres dans la Somme a rapporté un problème de prolifération d’une espèce végétale dans une ancienne gravière. L’espèce incriminée, le Myriophylle à feuilles diverses (Myriophyllum heterophyllum) formait une véritable « prairie » à la surface de la pièce d’eau sur presque 4 ha. En France métropolitaine, cette espèce originaire du continent américain a été découverte pour la première fois en 2010 à Villeurbanne (Frédéric DANET, CBN du Massif Central). Le taxon a également été observé en 2011 en Haute-Vienne dans les monts d’Ambazac (Alexis LEBRETON, Bulletin OEPP/EPPO Bulletin (2013) 43 (1), 180–192).  Sa découverte en Picardie va venir compléter la liste régionale d’espèces exotiques envahissantes. Par ailleurs, plusieurs réunions avec la commune ont d’ores et déjà permis d’envisager des actions visant à gérer cette population et à limiter les risques de dispersion dans les zones humides alentour.

Source : CBN Bailleul

14 octobre 2014

L’herbe à Alligator

Guillaume Fried (ANSES), Elsa Magoga (SEPANLOG) et Eléonore Terrin (CBNA/CBNMed).

Alternanthera philoxeroides  herbier

Herbier d’Alternanthera philoxeroides. Crédits E. Magoga

L’herbe à Alligators, Alternanthera philoxeroides (Mart.) Griseb., est une plante vivace à stolons, aquatique ou semi-terrestre, de la famille des Amaranthaceae. Originaire d’Amérique du Sud, elle est devenue une plante envahissante majeure dans les zones tropicales et subtropicales d’Australie, de Nouvelle-Zélande, du Sud-Est des Etats-Unis et dans le Sud-Est asiatique (de l’Inde à la Chine).

Une des voies d’introduction (la plus probable en France) est son importation volontaire en aquariophilie et comme plante ornementale de bassins aquatiques. Les premières observations en France remontent au début des années 1960 dans le bassin versant de la Garonne (Gironde en 1961, Lot-et-Garonne en 1983, Tarn-et-Garonne en 2002) et depuis les années 2000 dans le Tarn. Selon les données du CBN Sud-Atlantique, elle est présente sur 23 communes depuis la partie moyenne de l’estuaire de la Gironde jusqu’au cours moyen de la Garonne (où elle reste plus rare). Bien qu’étant désormais régulièrement observée dans cette région, elle n’y affiche toutefois jamais de populations réellement denses, et n’a par conséquent pas justifié l’objet de mesures prioritaires de lutte à ce jour.

L’envoi par Aurélie Marquis (chargé d’études, Aquascope) d’une photo prise le 07/07/2013 pour identification au Laboratoire de la Santé des Végétaux (25/11/2013, analyse N°1301825) a mis à jour la présence de cette espèce à Sorgues (Vaucluse) sur l’Ouvèze, un affluent du Rhône. La population est décrite comme occupant une dizaine de m². Compte tenu de ce nouveau foyer, du caractère envahissant connu au niveau mondial et en Italie (sur le fleuve Arno à Florence) qui lui vaut d’être sur la liste des plantes invasives de l’OEPP, l’Anses émet une note d’alerte le 25/03/2014.

Alternanthera philoxeroides fleur

Alternanthera philoxeroides. Crédits E. Magoga

La saison 2014 semble malheureusement justifier cette note d’alerte. Une visite de la station de Sorgues avec le CBN Méditerranéen (Eléonore Terrin, Henri Michaud, Yves Morvant) et avec le Syndicat de l’Ouvèze (M. Olivier Navarro) fin août 2014 fait état d’une population très dynamique et envahissante occupant désormais près de 1500-2000 m² (une bande de 500 m sur 3-4m de large en berge de rivière). Cohabitant avec la jussie (Ludwigia peploides) sur ce site, elle semblerait même la supplanter par endroit !

Par ailleurs, la plante continue sa progression dans le Sud-Ouest. Une nouvelle station a été découverte en septembre 2014 par Elsa Magoga (SEPANLOG) à Agen, sur les berges de la Garonne à proximité de la Réserve naturelle nationale Frayère d’Alose. En effet, cette plante, localisée en zone ombragée, bien ancrée sur la berge, sur un substrat meuble, occupait une surface de +/-1m², avec des tiges en progression sur l’eau. Mêlée entre la Jussie (Ludwigia sp.) et le Paspale à deux épis (Paspalum distichum), le choix a été de l’arracher afin de prévenir toute éventuelle progression. Une vigilance s’impose afin de surveiller cet endroit. De plus, afin d’appréhender toute nouvelle station, une attention particulière sera portée lors des inventaires sur la RNN Frayère d’Aloses, le canal latéral, ainsi que sur la portion lot-et-garonnaise de la Moyenne Garonne.

Même si la situation dans le Sud-Ouest laissait jusqu’à présent penser qu’Alternanthera philoxeroides ne serait pas une espèce invasive majeure en France (origine tropicale), l’expansion rapide et le caractère envahissant de la population trouvée sur l’Ouvèze, en contexte méditerranéen, doit nous amener à une vigilance accrue. Outre sa capacité à former des peuplements très denses (et son caractère semi-terrestre plus marqué que chez la jussie), elle est résistante au sel et tolère un ombrage très fort (peut s’adapter à des conditions correspondant à 12% de pleine lumière). Pour couronner le tout, comme de nombreuses autres espèces aquatiques envahissantes, des petits fragments de tiges suffisent à produire de nouvelles plantes…

On peut se féliciter du rôle du GT IBMA qui a permis ici de mettre en relation les différents acteurs de la chaine d’actions, de l’identification à l’alerte puis aux réflexions en cours pour sa gestion sur l’Ouvèze.

Le Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles a alerté le syndicat de rivière ayant en charge la gestion de la station découverte en région PACA ainsi que les syndicats de rivière du bassin versant et structures gérant des milieux aquatiques à proximité de Sorgues (ex : La CNR, le PNR de Camargue, Syndicat Mixte du Bassin des Sorgues). Un dossier est également en cours de constitution pour alerter et sensibiliser les décideurs concernés. Des opérations de communication auprès, par exemple, de réseaux régionaux (RRGMA, RREN) sont également prévues. L’objectif étant de pouvoir gérer rapidement cette station en région PACA et de détecter précocement les éventuelles autres stations de l’espèce en région.

Il s’agit désormais d’ouvrir l’œil et de nous signaler toute nouvelle observation.

  • Liens utiles :

http://www.ofsa.fr/especes/fiche_espece.php?cd_ref=81831&ref_tax=3&page=3

http://siflore.fcbn.fr/?cd_ref=81831&r=metro&so=3

http://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-3723-repartition

https://www.eppo.int/INVASIVE_PLANTS/iap_list/Alternanthera_philoxeroides.htm

http://www.rrgma-paca.org/actualite-des-membres/plante-envahissante-emergente-herbe-a-alligators-alternanthera-philoxeroides-~749.html

8 octobre 2014

Gastéropodes du genre Pomacea

Les gastéropodes du genre Pomacea, également appelés escargots ampullaires, sont des mollusques originaires des Amériques, prisés en aquariophilie. Du fait de leur caractère polyphage et de leur capacité à se reproduire rapidement, certaines espèces de Pomacea peuvent, lorsqu’elles sont libérées dans l’environnement, occasionner d’importants dégâts sur le plan agronomique (sur les cultures irriguées comme le riz) et environnemental (sur la végétation naturelle présente au sein de zones humides).

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Pomacea sp. collecté dans le delta de l’Ebre, Espagne. Crédits : Arxiu

Ces espèces peuvent être introduites dans l’environnement de manière volontaire (vidange d’aquarium, lâcher d’individus en surnombre après reproduction,…) ou involontaires (introduction de végétaux infestés dans l’environnement, transports d’œufs ou d’escargots par du matériel agricole, des bateaux, des casiers, etc, utilisés dans les zones infestées). La dissémination naturelle par les animaux n’a pas été observée mais un éventuel transport de petits individus par les oiseaux ne peut être exclu. Les flux d’eau naturels et en particulier les crues peuvent également causer la dissémination du ravageur.

La forte expansion de Pomacea du complexe caniculata, le plus souvent nommé P.insularum, une espèce d’ampullaires détectée en Espagne en 2009 dans la province de Tarragone (Catalogne) a provoqué d’importants dégâts dans le delta de l’Ebre.

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Ponte de Pomacea sur support rocheux. Crédits Arxiu

Afin de prévenir le risque de diffusion de ces mollusques en Europe, la Commission Européenne a adopté des mesures d’urgences, par la décision 2012/697/UE du 8 novembre 2012. Ces mesures visent à interdire l’introduction et la propagation de ce genre d’escargots aquatiques dans l’Union ainsi qu’à mettre en place des plans de surveillance au sein des États membres. Enfin, ces mesures prévoient, en cas de présence avérée dans un État membre, la mise en place de toutes les mesures nécessaires à l’éradication de l’organisme.

Le plan de surveillance vise à s’assurer de l’absence de populations d’escargots du genre Pomacea dans les régions qui lui sont favorables, ou à détecter des populations de petite taille à un stade précoce du processus d’invasion biologique.
Il s’appuie sur la sensibilisation des personnes ayant des activités professionnelles ou naturalistes dans les zones humides pour la recherche d’indices de présence de ces escargots.

Pas encore observés en France, ils pourraient s’établir notamment dans les régions du sud (Languedoc-Roussillon et PACA), sur rizières ou autres milieux aquatiques. Les repérer précocement permettra de lutter plus efficacement.

Les DRAAF/SRAL sont en charge de mener ce plan de surveillance, selon un protocole proportionné et adapté au risque d’implantation de ce genre de gastéropodes dans les différentes régions de France qui ont été classées en 3 types :
• type I : régions du sud de la France possédant des cultures rizicoles,
• type II : régions du sud de la France sans cultures rizicoles,
• type III : toutes les autres régions.

Pour plus de détail, voir la page d’un site d’une DRAAF: http://www.draaf.languedoc-roussillon.agriculture.gouv.fr/Vigilance-vis-a-vis-des-escargots

Comme il est également important de noter les endroits où ces escargots sont considérés absents, les agents des SRAL seront amené à prendre contact avec des personnes intervenants en zone humide. Merci de répondre à leur enquête.

Comment les reconnaître ?

Ce sont de gros escargots (plus de 2 cm de diamètre) d’eau douce, dont les pontes sont observables hors de l’eau.

Toute suspicion de présence de ces espèces doit être signalée auprès du Service régional de l’Alimentation de votre région, en prenant soin de repérer le lieu d’observation, et de fournir des photos si possible.

Découverte du Gobie fluviatile en France

gobie

Neogbuis fluviatilis découvert sur la commune de Koenigsmacker (Moselle), le 19 août 2014. Crédits photos : S. Manné

Le Gobie fluviatile (Neogobius fluviatilis), originaire du bassin Ponto-Caspien (mer d’Azov, mer Caspienne et mer Noire) a été récemment découvert en France dans la rivière Moselle.  Le premier individu a été capturé par le Bureau d’Etudes DUBOST Environnement à l’occasion d’une pêche électrique d’études réalisée au mois de juin dernier à Berg-sur-Moselle. L’identification de l’espèce a été réalisée par Sébastien Manné (Onema).

A la même période, l’Université de Metz, dans le cadre d’une thèse menée par Laurence Masson, a réalisé des échantillonnages à la senne de plage sur la Moselle en différents points. Le tri et l’identification définitive des poissons capturés sont intervenus plus tard (poissons ayant été congelés) et quelques N. fluviatilis ont de nouveau été identifiés.

Une pêche électrique au martin-pêcheur a été organisée par l’Onema le long des berges de la Moselle à l’aval immédiat de la confluence avec la Canner (fonds sableux favorable à N. fluviatilis) sur la commune de Koenigsmacker le 19 août dernier. L’objectif était de tenter de confirmer la présence de l’espèce dans la Moselle. L’Onema a ainsi capturé 14 individus de N. fluviatilis. L’espèce a à nouveau été mise en évidence le 17 septembre sur la Moselle à Berg sur Moselle (2 individus) durant une pêche du RCS (Réseau de Contrôle de Surveillance) réalisée en régie.

Ceci porte désormais à 4, le nombre de Gobiidae présents dans le bassin Rhin-Meuse (Proterorhinus semilunaris découvert en 2007, Ponticola Kessleri découvert en 2010, Neogobius melanostomus  découvert en 2011 et Neogobius fluviatilis découvert en 2014).

  • En savoir plus : Sébastien Manné, ingénieur à l’Onema : sebastien.manne@onema.fr.
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